Les utopiales
Édition 2022
Limite(s)
Du 29 octobre au 1er novembre
En 2022, Les Utopiales nous confrontent aux limites. Elles testent les cadres, découvrent ce qui se trouve au-delà, franchissent les seuils, quitte à sombrer dans l’hubris, cette démesure qui frappe l’humanité depuis trop longtemps. Durant 4 jours, scientifiques, artistes, auteur·rices iront voir si, comme l’affirmait Alphonse Allais, passé les bornes, il n’y a vraiment plus de limites !
Cadres
La vie humaine est encadrée par le corps. Le Voyage fantastique de Richard Fleischer en explorait les voies internes en 1966, naviguant entre les parois de nos cellules.
Le cadre, ce peut être ces contraintes qui nous tiennent en société : lois, règles de bienséance, coutumes et qui fondent nos institutions comme l’École, le Travail ou la Justice. Ont-elles un rapport avec les trois lois implantées aux robots d’Asimov ?
Dans ce cadre, s’épanouit ou s’étiole notre psyché : burn out, procrastination, schizophrénie, paranoïa…
Mais ces contraintes ne sont-elles pas aussi, parfois, la condition de notre créativité ?
Au-delà
Arthur C. Clarke, le père de 2001, L’Odyssée de l’espace déclarait que la seule façon de découvrir les limites du possible, c’était de s’aventurer un peu au-delà, dans l’impossible.
Au-delà de nos existences, que se passe-t-il ? Existe-t-il un avant la naissance et un après la mort ? Serait-ce une métamorphose, une réincarnation, le paradis, l’enfer ou le retour des atomes à la poussière ? L’horizon reste la limite ultime que l’humanité rêve toujours de franchir, jusqu’à imaginer visiter l’intérieur des trous noirs. Qu’adviendra-t-il, maintenant que nous sommes passés au-delà de la plupart des limites planétaires ?
Seuils
Penser le seuil, c’est penser ce qui sépare irrémédiablement un espace d’un autre.
Il est une philosophie des seuils, la soglitude – de l’italien soglia : seuil – où le temps ne s’envisage pas comme une flèche linéaire, mais dans sa globalité et toutes ses temporalités. La crise climatique que nous vivons est sans doute le produit ultime de temporalités négligées, de franchissements de seuils entrainant une accélération dramatique du réchauffement planétaire. Le voyage dans ces temps pourrait peut-être dénouer les fils qui menacent le vivant ? D’ailleurs, où est le seuil du vivant ? Les virus le sont, paraît-il, à peine, et la science, dans un but expérimental ou médical, s’autorise à créer des chimères…
Un autre seuil est celui du « dicible ». Internet, d’abord rêvé comme outil de communication, ouvre malheureusement chaque jour plus grand la fenêtre d’Overton.
Hubris
Le seul crime inexpiable de la mythologie grecque est l’hubris, la folie humaine qui consiste à se mesurer aux dieux et à tenter de les surpasser. Le roman fondateur de la science-fiction, Frankenstein, de Mary Shelley en 1818 est un roman de l’hubris, transcendant les seuils de la mort et de la naissance.
Du héros antique au super-héros, que ce soit par le biais des mythes, de l’art ou de la science, nous n’avons cessé « d’améliorer » voire « d’augmenter » l’humain.
En observant l’évolution exponentielle des performances des ordinateurs, certains prédisent l’arrivée prochaine de la Singularité technologique qui fera de nos machines, à l’instar de Terminator ou de Her, les nouveaux dieux. Serons-nous capables de nous sauver de nous-mêmes ?