Les utopiales
Les Utopiales 2015
LA 16E ÉDITION DES UTOPIALES S’EST TENUE DU 29 octobre AU 2 novembre ET A ABORDÉ LE THÈME « RÉALITE »
La seizième édition du Festival International de Science-Fiction Les Utopiales était consacré au thème « Réalité ». Écrivains, scientifiques, artistes, réalisateurs et dessinateurs ont échangé autour de quatre sous-thématiques particulières : Qu’est-ce que la réalité ? / Réalités augmentées / Psycho-Réalités / Réalités alternatives. Auparavant, la conscience populaire opposait radicalement « science-fiction » et « réalité ». Les universités, surtout celles françaises à dire vrai, boudaient ce genre multi-support pour son caractère fantasque. Il était réputé tourner le dos aux enjeux du présent et « farcir » la tête des plus jeunes lecteurs de dangers illusoires et de possibilités techniques et sociales qui n’existaient pas, tels que guerre des drones, manipulations génétiques, intelligences artificielles, et, bien sûr, explorations d’autres mondes. Cette époque est révolue, et l’expression « c’est de la science-fiction ! » n’est plus employée que par ceux qui n’ont pas su prendre la mesure du changement complet de la réalité ; dans le grand public, comme dans de très nombreuses branches du savoir et de la recherche, des sciences fondamentales à l’univers des lettres, de la biologie au droit, de l’enseignement primaire à l’entrée dans les études supérieures, tous convoquent aujourd’hui le corpus de la science-fiction, en louant sa formidable puissance spéculative qui, sous couvert d’imaginaire, aide à penser le réel jusque dans ses emballements. Si la science-fiction est une modalité d’apprentissage de la réalité, assumant le rôle que tenaient, jadis, les mythes et les légendes, c’est d’abord parce qu’elle part de l’acceptation du monde présent et de son évolution sous l’effet du progrès scientifique et technique. L’évasion qu’elle nous propose est toujours d’ordre elliptique : comme une comète dans le ciel d’été, elle revient au plus près de nous, flirtant avec le centre de gravité moral de nos sociétés. Sa chevelure, lorsqu’elle se déploie à la chaleur de nos imaginaires, rend hommage à ce que nous vivons au quotidien et éclaire nos peurs, nos inquiétudes, nos espérances, et nos représentations du monde, en nous rappelant toute la complexité du réel. Depuis les temps modernes, elle guide nos pas vers le futur grâce aux lampes de Jules Verne, aux machines de Herbert G. Wells, aux histoires de J.H. Rosny Aîné, et de tous leurs successeurs, en reliant les aventures de leurs personnages à nos problématiques identitaires, religieuses, écologiques, politiques les plus actuelles, en refusant toute solution de continuité, tout hiatus, qui nous obligerait à renoncer à nos rêves. La science-fiction nous montre qu’il n’y a jamais adéquation entre réalité et vérité, et, à ce titre, remplit admirablement sa fonction philosophique. Plus que jamais auparavant, elle joue un rôle nécessaire.